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Katie Hagen : pratiquement aveugle et porte-couleur de l'équipe nationale féminine

GIJANG, Corée – Des bleus, des douleurs musculaires, des os cassés. Voilà quelques blessures dont les joueurs de baseball peuvent être victimes au cours d’une saison. Pour la lanceuse de l’équipe nationale féminine du Canada Katie Hagen, ces blessures semblent bien mineures comparativement à ce qu’elle doit vivre sur le terrain, chaque jour.

« J’ai visité différents spécialistes qui ont effectué de multiples tests et ils en ont tous conclu que mes yeux sont en parfaite santé, a dit la jeune joueuse de 16 ans originaire de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse. Mais légalement, je suis aveugle. »

Il n’y a pas de terme technique pour décrire le problème de vision de Hagen autre celui légal d’aveugle. Alors qu’elle n’avait que quatre ans, elle n’a pas réussi le test de vision requis pour l’inscription à l’école et a eu besoin de lunettes avant la rentrée.

« J’en porte depuis ce temps mais la force de mes yeux a diminué depuis », a-t-elle ajouté.

Au même moment où elle débutait l’école, Hagen a découvert le plaisir de joueur au baseball, un sport bien connu dans sa famille puisque son grand-père John Hagen a joué dans l’organisation des Cardinals de Saint-Louis en 1966.

« J’ai débuté au tee-ball comme tout le monde de mon âge, avec une prescription normale, alors il n’y avait pas de difficulté. Ça ne m’a jamais dérangé sauf vers l’âge de 12-13 ans, au niveau pee-wee, alors que ma vision a commencé à diminuer un peu plus. »

Voir les signaux donnés par les receveurs ainsi que l’endroit demandé pour le lancer sont des problèmes qu’elle doit surmonter afin de faire son travail au monticule.

« Les signaux sont la partie la plus difficile de mon travail, pour moi, dit-elle. Le receveur doit mettre de la couleur sur ses doigts pour m’aider, mais si elle descend sa main trop basse je perds tout car c’est trop près de la terre. »

Bien négocier un frappeur présente un défi différent pour Hagen, alors qu’elle doit viser l’intérieur ou l’extérieur de la zone des prises. Elle doit travailler en collaboration avec son receveur pour l’aider au monticule.

« L’an dernier mon receveur avait une mitaine de la même couleur que son plastron, ce qui était difficile pour moi de le voir. Les receveurs doivent plutôt me donner le type de lancer, et taper le côté de la cuisse où ils souhaitent le tir. »

Membre des Arrows Midget AAA de Dartmouth, une équipe « masculine », elle prend son tour régulier au bâton, un autre défi important.

« Je pousse toujours la balle au champ opposé car je suis toujours en retard sur le lancer, mais ça fonctionne. Je ne vois pas la balle sortir de la main du lanceur ce qui me laisse quatre ou cinq pieds pour réagir. »

« Certains lanceurs ont une motion plus difficiles à négocier, mais on s’habitue. »

Hagen mentionne qu’elle a le soutien de ses coéquipiers de Dartmouth, qui minimise cet impair pour aider leur coéquipière.

« Les garçons font des blagues avec ça, ils m’appellent 20/20 et ça ne me dérange pas du tout. »

À l’école Newbridge Academy, à Lower Sackville, Hagen utilise un iPad pour mieux voir, grâce au zoom, ce qu’elle n’aurait pas pu voir dans un livre normal.

« C’était dur à l’école publique car je ne pouvais pas voir les pages. C’est nettement mieux maintenant parce que tout est aussi sur iPad. »

À l’extérieur des salles de classe, le baseball n’est pas le seul sport où Hagen excelle. Elle a pratiqué la nage pendant dix ans avec suffisamment de succès pour obtenir les temps requis qui l’auraient envoyé aux jeux Panam disputés l’an dernier à Toronto.

« J’ai arrêté l’an dernier parce que c’était beaucoup. Je nageais neuf fois par semaine, avant et après l’école. Les Panam étaient en même temps que le championnat canadien des 16 ans et moins et j’aime beaucoup plus le baseball. »

Ce qu’elle aime le plus du baseball et de son rôle de lanceur, Hagen n’hésite pas une seconde avant de donner une réponse :

« J’aime contrôler le tempo du match et le fait que tu es au centre de tout. Le baseball est vraiment excitant. »

Hagen a eu un été très occupé. Elle a bien sûr porté les couleurs des Arrows, mais s’est aussi présentée en République Dominicaine afin d’aider le Canada à décrocher l’or à la Coupe internationale féminine des 20 ans et moins et a participé à pas moins de trois championnats canadien, soit les 16 ans et moins, les 21 ans et moins le tournoi féminin invitation.

C’est justement pendant le tournoi féminin tenu il y a deux semaines qu’elle a reçu son invitation officielle à joindre l’équipe nationale et à décoller vers la Corée seulement quelques jours plus tard.

« J’ai été très surprise. Je regardais la liste pour voir qui je connaissais et j’ai trouvé mon nom à la toute fin. Mes parents étaient dans la pièce et le savaient déjà mais ont gardé le secret. C’était assez fou lorsque j’ai vu mon nom. »

Hagen était la partante pour le match de dimanche dernier et a lancé les cinq manches dans une victoire contre l’Inde. Elle est ainsi devenue la plus jeune joueuse canadienne à prendre part à une rencontre de la Coupe du monde de baseball féminin. Son père Scott était d’ailleurs dans les estrades afin d’assister à sa prestation, alors que sa mère Carrie, ses frères et sœurs Douglas, Joey et Chrissie étaient à la maison, devant leur ordinateur.

« J’ai beaucoup d’encouragement de la maison, mais d’avoir mon père prêt de moi en Corée est spécial. »

« Toute cette expérience de la Coupe du monde est incroyable. C’est un feeling ahurissant de porter cet uniforme. Je ne peux plus m’arrêter de le regarder. » 


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